Traitement fiscal des voitures de fonction : employeurs, quelles sont les nouveautés à considérer ?

22.03.2022

Le traitement fiscal applicable aux voitures de fonction (utilisées en partie pour un usage privé) a récemment fait l’objet de certaines évolutions. Les employeurs luxembourgeois qui disposent d’une flotte de véhicules mise à disposition de leurs salariés doivent donc comprendre l’impact éventuel de ces nouveautés pour leur entreprise et leurs employés.

Rappels des règles fiscales en matière d’avantage en nature encadrant la mise à disposition d’un véhicule de fonction

En pratique, il est fréquent qu’un employeur achète ou prenne une flotte de voitures en location ou en crédit-bail (dit «leasing») afin de permettre à ses salariés d’utiliser une voiture de fonction en partie pour leur usage personnel. Au niveau de la société, les coûts relatifs sont déductibles en tant que dépenses d’exploitation.

En parallèle, les employeurs doivent s’assurer d’appliquer le traitement fiscal approprié pour leurs salariés tel que reflété dans leur fiche de paie. L’employeur devra en effet constater un avantage en nature pour l’usage gratuit (ou partiellement gratuit) et à titre privé du véhicule de fonction dans la fiche de paie mensuelle du salarié (à moins bien entendu que la voiture de fonction ne soit réservée à un usage strictement professionnel). Cet avantage en nature est soumis a retenue à la source sur salaires et aux cotisations sociales.

Deux méthodes d’évaluation de l’avantage en nature sont possibles: celle de l’évaluation d’après le prix de revient kilométrique et celle de l’évaluation forfaitaire (qui est la plus communément appliquée). Cette seconde méthode se base sur le prix d’achat neuf du véhicule (incl. options, TVA et diminué de toute remise) multiplié par un coefficient qui varie, depuis 2017, en fonction de la catégorie d’émissions de CO2 et le type de motorisation du véhicule.

Quels sont les changements récents en la matière ?

Les règles fiscales applicables en matière d’évaluation de l’avantage en nature vont faire l’objet d’une adaptation.

En effet, le gouvernement luxembourgeois a présenté (en janvier 2022) un projet de règlement grand-ducal visant à modifier le calcul de l’avantage en nature pour les voitures de fonction utilisées en partie à des fins privées, en modifiant les taux applicables. Ce changement s’inscrit dans le cadre des engagements pris par le Luxembourg en matière de lutte contre le changement climatique (dans le cadre du PNEC) et visant à atteindre 49 % de voitures électriques dans le parc automobile d’ici 2030.

Ces nouveaux taux visent à augmenter progressivement dans le temps l’évaluation de l’avantage en nature pour les véhicules les plus polluants et à ne favoriser fiscalement, à terme, que les véhicules entièrement électriques ou très peu polluants. Les nouveaux taux vont donc varier à échéance 2023, puis 2025, afin que seuls les véhicules à zéro émission de roulement en CO2 soient fiscalement favorisés. Toutes les autres motorisations se verront appliquer un taux qui rendra l’octroi d’une voiture de fonction fiscalement moins avantageuse pour un salarié par rapport à un leasing privé ou une acquisition de véhicule à titre privé.

Par ailleurs, l’administration fiscale a publié une circulaire en matière de TVA (en février 2021) afin de tenir compte d’une décision récente de la CJUE quant au traitement TVA des voitures de leasing. Ainsi, cette circulaire indique que la mise à disposition «à titre onéreux» (i.e., moyennant une contrepartie financière du salarié) d’une voiture de société par un employeur à ses employés (à des fins privées) constitue une prestation de service soumise à la TVA dans le pays de résidence de l’employé (et non plus systématiquement au Luxembourg). Dans ce cas, la base taxable devrait en outre être le montant du «loyer » supporté par l’employé.

L’impact de cette circulaire sur le traitement TVA applicable en cas de mise à disposition d’une voiture de fonction (à titre onéreux) doit donc faire l’objet d’une analyse au cas par cas par les employeurs. En outre, des interrogations existent sur les conséquences pratiques de cette circulaire au Luxembourg et sur les positions officielles qui pourraient être prises à cet égard par les administrations fiscales des pays frontaliers. Il reste à espérer que des clarifications soient émises prochainement.

Employeurs – que devez-vous retenir ?

Les employeurs qui disposent d’une flotte de véhicules mise à disposition de leurs salariés (à titre privé) doivent donc comprendre l’impact éventuel de ces nouveautés en matière fiscale pour leur entreprise et leurs employés, et refléter les changements qui seraient requis notamment dans la paie et dans leur documentation interne encadrant l’attribution d’une voiture de fonction à leurs salariés.

Retrouvez l’intégralité du numéro du magazine CONNECT by clc de mars 2022.
Flora Castellani (à gauche) et Marie Vintrou (à droite), conseillères fiscalité à l’UEL